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lundi 18 mai 2015

NOTRE CITOYENNETÉ CAMEROUNAISE EXPRIMÉE À TRAVERS NOS IDIOMES



Par Christian TOUMBA PATALÉ[1]
 S’il y a un élément qui, en plus du nom d’un pays, du drapeau, du territoire et des pièces d’identité, permet de reconnaître la nationalité d’un peuple c’est, bel et bien, son hymne national. Chant solennel en l’honneur de la patrie, l’hymne national exprime de façon poétique la joie et l’enthousiasme d’appartenir à une nation. Symphonique ou non, les hymnes nationaux sont généralement adaptés aux réalités musicales locales. C’est dire que, par-delà le style classique que la sonorité d’un hymne national peut avoir, les styles musicaux que peut charrier celui-ci sont multiformes. Chants de ralliement ou de prière, les hymnes nationaux portent en eux l’esprit même des nations. Le Ô Cameroun berceau de nos ancêtres ou O Cameroon, Thou Cradle of our Fathers ne déroge pas à une telle logique.

Tirant ses origines d’un chant patriotique de ralliement composé en 1928 à l’École Normale de la Mission Presbytérienne de Foulassi, l’hymne national du Cameroun est adopté par l’Assemblée Législative du Cameroun (ALCAM) à travers la Loi n° 57/47 du 5 novembre 1957, loi portant création d’un hymne de l’État du Cameroun.  Le contexte de composition de l’hymne est, en effet, lié au contexte de la visite du gouverneur français Marchand. La musique composée par Moïse Nyatte Nko’o et René Jam Afane est adaptée au texte écrit pas Samuel Minkio Bamba. Après son adoption, l’hymne subit des modifications, notamment pour des raisons de conformité historiques et socio-psychologiques. C’est la Loi n° 70/LF/4 du 20 mai 1970 qui apportera ces modifications dans le texte original.
Loin de la barbarie et de la sauvagerie d’en tant ce sont, désormais, la jalousie de la liberté, l’unité du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, le service, le devoir patriotique, le vrai bonheur, l’amour et le grand honneur qui sont exaltés et proclamés de façon solennelle tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du territoire national. Il va quand même falloir attendre la Loi n° 78/02 du 12 juillet 1978 pour voir l’officialisation des deux versions de l’hymne (en français et en anglais), ceci matérialisant le caractère bilinguiste et biculturaliste des institutions et des administrations étatiques et nationales. Les camerounais, à travers leur diversité ethnique et linguistique, s’approprient dès lors les mots et les textes de leur hymne, ceci à travers des processus d’inculturation ; il s’agit principalement de la traduction de l’hymne national dans les langues nationales. C’est ainsi que l’on aura par exemple l’hymne national camerounais traduit en langue Kaɗa : Gǝlia Marba Dǝlev Namǝ.

Gǝlia Marba Dǝlev Namǝ


Couplet
Aw Kamerun gǝla marbet deŋgiɗmǝ.
Adaw daŋga dǝ kotorok naŋgla Zazaya.
Va paya gabaya nok dǝsan gǝni
Mahenzin ɓǝɓǝl na ǝtaf gǝm ǝslere
Kǝta kirtuk pak sǝ tapaslay pay pak
Dǝsoŋgǝn dǝ ǝŋgla pay pakǝ.
Əgǝɗ suk Weza dǝsan an anadaw kaya
Na ǝkǝnahan Weza net pay pakǝ.

Refrain
Dǝlǝv namǝ delǝv mǝŋgluwen
Iste kaka ǝnnek nam gesiŋ
Ənnek nam gǝm ǝmpǝs namǝ
Sukiyi ǝŋgla dǝ ǝdiy kiyuk pakǝ.

Partition musicale de l'Hymne national du Cameroun en Guidar

 Nous nous proposons, de ce fait, de vulgariser  cet hymne national camerounais en langue Kaɗa. Il est question pour nous d’exprimer notre citoyenneté camerounaise à travers notre idiome. Une telle manière de procéder s’inscrit aussi dans le sillage des volontés étatiques de promotion de nos langues maternelles et nationales. À titre informatif, le texte de l’hymne national camerounais a été traduit en langue guidar par un groupe d’enseignants en juillet 2000.
Pour des difficultés d’ordre technique, la partition musicale que nous proposons ne contient pas le texte écrit avec les lettres de l’alphabet guidar (le ǝ y est par exemple remplacé par eu, le ɓ par b, le ŋ par ng et le ɗ par d). À chaque fois, l’utilisateur pourra se référer au texte même de l’hymne national en langue Kaɗa. Aussi, il importe de relever que des amendements peuvent éventuellement être apportés à notre partition musicale.



[1] Étudiant-chercheur, Université de Dschang, Ouest-Cameroun.

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